Au cours des vingt dernières années, le monde du travail a vécu d’importantes transformations : le travail s’est intensifié, les technologies ont évoluées, l’économie mondiale est instable.
Ces changements organisationnels ont des répercussions certaines sur la santé mentale des travailleurs et ce, sans égard à leur niveau hiérarchique. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ un quart de la population mondiale sera, à un moment donné, touché par un problème de santé mentale. Selon l’OMS, la dépression sera en 2020, la première cause d’invalidité et ce, au niveau mondial.
Pour les organisations de travail, le fardeau annuel des troubles mentaux est d’abord associé aux coûts résultant de la baisse de productivité. Celle-ci se manifeste par la retraite anticipée, l’absentéisme professionnel, la baisse de production due au présentéisme et l’invalidité longue durée. Combiné à ceux-ci, l’escalade constante des coûts d’assurance témoigne de l’ampleur de la crise et de l’urgence d’agir autrement.
La relation entre le bien-être au travail, la performance des employés et la productivité a été bien documenté depuis les dix dernières années. Il est maintenant reconnu qu’il existe un lien de causalité très fort entre le bien-être des personnes au travail et l’efficacité des organisations de travail.
Voyons maintenant quelques concepts associés à la santé mentale et qui seront repris dans nos prochaines communications :
La santé psychologique au travail réfère à un fonctionnement harmonieux, agréable et efficace d’une personne qui fait face avec souplesse aux situations difficiles. En présence de ces dernières, une personne en bonne santé psychologique, sera capable de retrouver son équilibre après une courte période d’adaptation.
Le stress au travail survient lorsque l’individu perçoit que les exigences de son environnement excèdent ses capacités à y faire face, donc que son bien-être est menacé. Le stress perçu est une question subjective c’est-à-dire que pour une même situation au travail (exemple : un nouveau défi), un travailleur la sentira comme une source de motivation alors qu’un autre la vivra comme une source de stress parce qu’il croit ne pas être en mesure de le relever.
Plusieurs termes sont utilisés pour décrire un état mental fragilisé. On utilisera les vocables de détresse psychologique ou problème de santé psychologique ou problème de santé mentale. Tous ces vocables décrivent une souffrance chez l’individu et ont un impact négatif sur le rendement au travail mais ils ne mènent pas nécessairement au développement d’une maladie mentale. Une personne peut se sentir stressée, anxieuse ou déprimée, mais cet état symptomatique n’est pas assez marqué cliniquement pour renvoyer à un trouble mental pouvant être diagnostiqué par un médecin. Par contre, nous estimons maintenant que 35 % à 55% des travailleurs vivent avec un problème de santé psychologique (ou détresse psychologique) et que celui-ci amène une baisse de productivité au travail dû à ce que nous appelons le Présentéisme.
Le dépistage des travailleurs qui présentent une certaine forme de détresse psychologique est un enjeu majeur. Elle est une action intégrée au cœur d’une stratégie de gestion préventive pour toute organisation de travail qui mise sur son capital humain.
Johanne Marois, ergothérapeute
